Grand spécialiste de l’histoire de l’art, Daniel Arasse nous propose dans son livre « Le Détail – Pour une histoire rapprochée de la peinture » une totale relecture de l’histoire de la peinture occidentale à travers l’examen approfondi du détail. L’attentionportée ainsi au détail, qu’il soit identifié, isolé, voire découpé de son ensemble, offre une toute autre manière de voir et d’appréhender la peinture. Aujourd’hui, la série « Cyanotype » propose au regardeur de prendre le contre-pied des propos du livre de Daniel Arasse et de dessiner un champ nouveau dans un univers focalisé par une approche consumériste où le « trop » sous-tend le quotidien. Néanmoins à l’ère de la mondialisation, ce n’est pas un détail qui nous est donné à contempler mais l’abondance et la profusion de choses triviales ; la ville étouffe notre regard avec ses enseignes lumineuses, ses panneaux publicitaires, ses gratte-ciel omniprésents. Comment ainsi apaiser notre regard et lui offrir les moments nécessaires de quiétude et de contemplation réflexifs ?

Ce travail constitue ici un possible élément de réponse à cette réflexion par différents aspects. De prime abord, le choix de réaliser une série pourrait laisser à penser que l’on est une fois de plus confronté à une dimension sérielle symbolique du « trop » ; néanmoins , le choix de la technique du procédé photographique vise à réduire le « trop » né de la multiplicité des points de vue et des éléments constitutifs des images. L’aspect essentiel repose sur la dominante picturale bleue du monochrome. Celui-ci tend à uniformiser les éléments présents dans le paysage et d’en estomper ainsi nombre de détails. Des formes plus abstraites surgissent alors pour proposer au regard une lecture différente de l’image, plus fantasmagorique. Le temps se fige dans une temporalité en suspens et l’image, détachée du fond noir, flotte